On le sait, l’îlot en construction de la ReFeRe est conceptuellement et sera en réalité un paradis. Touché par une certaine grâce, après douze ans d’industrie, de crasse, de chimie, de déchets, de concreturgie, de lieux de labeur salissants et collants, le créateur a défini un projet d’art, de repos, de créativité, de flânerie. Aux Ouches, on dispose(ra) de musées, d’ateliers, d'auditoriums, de locaux  associatifs… entourés d’esplanades, de sentiers, de places et de parcs avec de hautes herbes et des arbres.

Tous ces lieux sont par essence desservis par un réseau ferré extrêmement dense parcouru par des autorails confortables.

Où en est-on ?

Exactement à la situation que montre la photo ci-dessus. La grande plate-forme surélevée, un impeccable rectangle, est prolongée distalement par un terrain vallonné et arboré niché au creux des courbes serrées et pentues des 3 voies qui courent côte à côte (plus ou moins) sur le rectangle.

Où conduisent ces voies ? Abandonnant leur propre déterminisme strepsidromique, elles se lancent de concert et dans une équidistance et un parallélisme étonnants sur un long pont-caisson.

Et le pont, il mène où ? Question laissée en suspens depuis sa construction. Un intense mais pas trop prolongé remue-méninges a livré la réponse.

La voie de droite, c’est visible au chemin de roulement déjà en place, prend un virage serré et passe sous la gigantesque plateforme. Elle débouchera de l’autre côté, rebroussera chemin en se forçant à adopter un rayon de courbure type tramway et, repassant en tunnel, virera sur sa droite pour se raccorder à la voie extérieure (à gauche sur la photo du haut) du pont.

Et la voie du milieu ? Au prix d’une pente raisonnable (grimpable), elle passera par-dessus la boucle précédemment évoquée (qui aura bien voulu descendre un peu) et ira rejoindre, contournant le nez de la plateforme, la voie qui est accrochée sur son flanc (photo ci-contre).

Cela fera, au crédit de l’activité circulatoire de la ReFeRe, deux navettes cadencées, servies par des automoteurs costauds (bon montagnards).

Mais alors, tout en bas ? Il y aura – on devine son amorce sous l’extrémité proximale du pont (photo du haut) – une grande courbe, partie d’un circuit sans reliefs à escalader et sans fin, faisant à peu près le tour de l’îlot (voie du bas, ci-contre). Dessus, déjà un wagon un peu corpulent qui sert de gabarit à roulettes (photo ci-dessus).

Que verra-t-on sur ces nouveaux espaces définis et circonscrits par ces voies nouvelles ? Ce n’est pas défini : les demandes sont pressantes pour accueillir des locaux associatifs, culturels, logistiques, sportifs, botaniques, sociaux, mémoriels… Une ferme (écomusée), un village de résidence pour écrivains, une serre à papillons et fleurs artificielles sont entre autres dans les cartons.

Un chantier exemplaire ?

Que non ! Ne montrez pas ça aux enfants. C’est gravement irraisonnable de construire son réseau à la va comme j’te pousse, sans plan, mais ça a marché jusque-là. C’est gravement casse-gueule de réaliser les superstructures avant les infrastructures, de développer des extensions fragiles en comptant sur les voies qui y seront collées pour assurer la cohésion et l’indéformabilité de l’ensemble, d’abuser du carton-plume par ce que c’est plus léger et qu’il s’agit de ne pas alourdir un truc tellement plein de détails et de recoins qu’il commence à peser plus qu’un âne mort et que la crainte s’installe qu’il se plie en deux, etc.

L’aventure se poursuit néanmoins, la suite au prochain album.

Ci-contre :

Des végétaux à profusion. Ils sont bien sûr artificiels et n'ont pas besoin de traitements phytosanitaires.

Arbres en fil élecrique peint (amovibles), buissons en poils de balayette ou de pinceaux.