La ReFeRe

homeL'histoire fabuleuse du Tartare

Le Tartare
version savante

Le Tartare, comme chacun sait, est au départ un endroit hypogé, entouré par un rempart d’airain et baigné par le Phlégéthon, avec, comme monument remarquable la porte en fer fabriquée par Poséidon.
Aux Titans qu’il vient de vaincre avec l’aide de ses frères et sœurs recrachés par son père Cronos, et qu’il a enfermé sous terre, enchaînés dans le Tartare, Zeus, à une époque pas facile à préciser avec les documents authentiques existants, balance un missile perforant extraordinairement lourd qu’il a fait fabriquer par Héphaïstos et baptise Bélos.
Comme calculé par le chef des dieux (et Directeur-en-chef de l’Olympe), Bélos traverse la croûte terrestre sans perdre trop d’énergie et heurte violemment, mais sans dommages pour lui, les crânes des titans trop remuants et potentiellement dangereux. Il anéantit pour le même prix les pires des criminels qui étaient incarcérés là, le pire endroit des enfers. Bon débarras.


Les titans juste avant l'impact

Le résultat : du bas vers le haut, une couche de cadavres de titans principalement, le missile quasi intact et des couches géologiques accumulées au fil des siècles.
Les chose en resteront là pendant plusieurs millénaires. Le titan Épiméthée, qu’on suppose n’avoir pas échappé à la frappe, a récemment été remis en lumière par le Directeur-en-Chef. Rappelons que son nom signifie « celui qui réfléchit après ».

Au XXe siècle, l’exploitation du projectile est faite sous l’appellation de « projet Bélos » par une boîte de prospection archéologique, opaque et basée aux îles Crocodile et disposant d’un faux permis minier. Elle disparaîtra avec la caisse. Délaissant le fer et l’airain de la porte et du rempart, elle s'est concentrée sur le bolide Bélos, un agglomérat densifié et comprimée de métaux lourds, de l’argent à l’uranium appauvri. Héphaïstos n’a pas mégoté sur les mégapascals et a été à deux doigts de créer un trou noir. Notons son ironie : il a enveloppé le tout d’une couche de titane.

La sépulture des titans n’a pas été profanée (on ne sait jamais…). L’extraction de ces métaux dont le cours mondial était intéressant s’est faite à partir de galeries radiales et circulaires équipées de voies ferrées, reliées à un site en surface, quelque part.

Au XXIe siècle, la ReFeRe récupère la cavité nettoyée par le projet Bélos de tout ce qui pouvait avoir une valeur marchande (sauf les reliques des titans), reprend les infrastructures ferroviaires et conserve la porte de Poséïdon (qui ne se visite pas, mais ça peut servir).
Le nom de Tartare, d’usage immémorial, est conservé. Les restes des titans sont actuellement noyés, l’eau turbide du Phlégéthon, en voie de tarissement, s’étant accumulée dans le bas de la cavité déjà noyé par les eaux fétides du marécage central : déjà une zone humide rayée de la carte.

Pour l’acquisition de cet espace partiellement aménagé, Le Directeur-en-Chef de la ReFeRe a fait face à des concurrents intéressés par ce bel espace, mais pas sérieux ni incontestablement réels.
- Soit, une ONG (du type association de malfaiteurs) décidée à construire en toute discrétion des sous-marins furtifs (circulant dans la vase), dont les pièces et les marins auraient été acheminés par le réseau ferré présent. Il ne fut pas trop difficile de la décourager en faisant remarquer à ses décideurs que le Tartare n’a aucun accès connu à un lac ou un fleuve, ni à la mer.
- Soit une association « Gloire à Jules Verne » ayant voté la création d’un chemin de profonde randonnée vers le centre de la terre et qui aurait bien vu le point de départ installé là, dans ce lieu déjà pas mal profond et bien desservi par chemin de fer. Il fallut faire remarquer à son conseil d’administration que toutes les galeries autour du trou se déploient à l’horizontale ou montent vers la surface du Globe et que pour aller plus profond, il faudrait creuser.
- Soit, enfin, des gens assez insaisissables, probablement extraterrestres vu leur allure et leur accent, venus avec l’idée de dominer (ou vaporiser) la Terre après avoir mangé les humains. Ils cherchaient un lieu hyperdiscret, introuvable, et atterrirent évidemment à Sauvigny. Là, on leur offrit une visite très complète du Musée des mondes imaginaires. Du coup, ils achetèrent un exemplaire de chacun des bouquins et des produits dérivés, payèrent une cotisation à Alter Ego (une pour tous, les rats !), dirent qu’ils regrettaient leurs intentions premières, que ce serait trop dommage d’anéantir tout cela, qu’ils n’avaient pas de quoi payer le supplément de bagages, qu’ils laissaient tout sur place et qu’ils repartaient sur leur planète d’origine.

Mais quel fut l’intérêt de la ReFeRe à acquérir, même pour un radis symbolique, le Tartare ? En examinant dans un sens puis à rebours la liste des installations hébergées là, on ne comprend pas qu’elles dussent être enterrées et cachées. La Bidonnerie (alias Futaillerie), la Griserie, une gare de marchandises, une mine de bleu, Pol-Ré et une myriade de TPME… La Robote n’est d’aucun secours : elle répondrait « si on vous le demande, dites que vous ne savez pas ».
Deux hypothèses sont que le Directeur-en-Chef a voulu un truc original et accessible seulement aux visiteurs motivés, ou a créé une installation artistique.
Le Tartare
pour les enfants

Il était une fois trois géants qui habitaient un vieux château moyenâgeux. C’étaient les frère Titan : Révérien, Cloud et Ouen. C’étaient de braves géants, avec des prénoms chrétiens. Ils vivaient en vieux garçons car toutes les princesses dont ils avaient entendu parler étaient bien trop petites pour eux.
Pour ne pas passer tout leur temps à rêvasser devant des photos très agrandies de jeunes dames ou à jouer avec leurs consoles, ils chassaient dans la forêt aux arbres géants qui entourait leur demeure. Mais ils rentraient bredouilles régulièrement car les papillons, les lapins, les sangliers, les cerfs, les aurochs et même les girafes étaient trop petit pour eux : ils ne les voyaient pas sauf à emporter un microscope, ce qui n’était guère pratique.

Un jour, ils rencontrèrent au coin d’un bois un bon génie. Ils lui expliquèrent leur malheur avec tant de conviction (et sans faire la moindre faute de grammaire) que le bon génie leur accorda un vœu.

Ainsi apparurent subitement dans un fourré des renards géants. Leur poil était roux évidemment mais ils étaient extraordinairement grands, de taille proportionnée à celle de nos géants. Ils remercièrent très poliment le bon génie et se mirent à chasser les renards et secondairement des écureuils très grands qui s’étaient trouvés pris dans le sortilège par hasard.
En peu de mois, les frères Titan eurent capturé, dépiauté, rôti, salé, poivré et mangé tous les renards, les renardes  et leurs renardeaux, qui n’étaient pas extraordinairement intelligents. Puis ils moururent, très fâchés contre le bon génie qui avait mégoté sur l’effectif de renards géants.


Renard géant

Des écureuils, qu’ils avaient traqué mollement survécurent. Ils se servirent de cette immense cavité toute faite pour y stocker des noix. Mais le bon génie avait là aussi créé des animaux un peu crétins : ils oubliaient tout. De saison en saison, ils apportaient des noix dans le terrier sans jamais les récupérer. L’histoire ne dit pas de quoi ils se nourrissaient et pourquoi leur race s’est éteinte.


Écureuil géant


Bien plus tard, un lointain descendant en ligne indirecte des géants découvrit ce formidable gisement de noix et l’exploita jusqu’à la dernière, établissant un chemin de fer nucicole à voie étroite et une huilerie bio.

Plus tard, un entrepreneur, un génie à sa façon, remit tout en état, posa des voies de chemin de fer, des éclairages et une ventilation, recruta une foule de personnages et en fit le site le plus original de la ReFeRe.
Il l'appela le TARTARE : Terrier Aménagé par des Renards Titanesques Avec des Renardeaux Éléphantesques.
Retour à la page d'accueil